En 2009, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 22 avril Journée internationale de la Terre nourricière. Les États membres ont reconnu que la Terre et ses écosystèmes sont notre foyer commun et ont exprimé leur conviction qu’il est nécessaire de promouvoir l’harmonie avec la nature afin de parvenir à un juste équilibre entre les besoins économiques, sociaux et environnementaux des générations présentes et futures. La même année, l’Assemblée générale a adopté sa première résolution sur l’harmonie avec la nature. http://www.harmonywithnatureun.org/
Cette année, la Journée internationale de la Terre est axée sur le concept des lois de la nature et un député canadien, Alexandre Boulerice s’est rendu à New York devant le Conseil de tutelle de l’Assemblée générale de l’ONU pour plaider le statut d’entité juridique pour le fleuve St-Laurent et son bassin versant, incluant les Grands Lacs. M. Boulerice est accompagné de Yenny Vega Cárdenas, présidente de l’Observatoire international des droits de la nature.
L’urgence climatique favorise de plus en plus l’idée d’accorder des droits juridiques à la nature. Déjà, en février 2021, on accordait ce statut pour une première fois à un cours d’eau au Canada, à la rivière Magpie, « considérée comme une destination de renommée mondiale pour le rafting en eau vive ».
Le statut d’entité juridique pour une rivière lui confère neuf droits juridiques :
1) le droit de couler;
2) le droit au respect de ses cycles ;
3) le droit que son évolution naturelle soit protégée et préservée ;
4) le droit de maintenir sa biodiversité naturelle ;
5) le droit de remplir ses fonctions essentielles au sein de son écosystème ;
6) le droit de maintenir son intégrité ;
7) le droit d’être à l’abri de la pollution ;
8) le droit de se régénérer et d’être restaurée ;
9) le droit de poursuivre en justice.
Ce dernier droit est crucial pour permettre la protection de la rivière face à d’éventuels projets industriels, comme par exemple un développement hydroélectrique, un projet à saveur économique ou un projet routier comme le 3e lien réclamé à Québec. Concrètement, cela veut dire que le fleuve pourrait se prononcer pendant les études environnementales qui ont lieu avant l’approbation de tout nouveaux projets qui doit être soumis à ces dites études.
Si le statut d’entité juridique est accordé au fleuve St-Laurent, le fleuve pourrait faire valoir ses droits par l’entremise d’un comité qui veillerait à protéger ses intérêts et sa bonne santé en collaboration avec les Premières Nations.
La reconnaissance de la rivière Magpie et celle éventuelle du fleuve St-Laurent font partie d’une mouvance internationale visant à reconnaître les rivières et les écosystèmes en tant qu’entités ayant une existence intrinsèque et le droit d’exister. C’est la reconnaissance que ces écosystèmes ne sont pas simplement des ressources à la disposition de l’être humain.
Dans cette conception dite « écocentriste » du monde, l’homme n’est qu’un élément parmi d’autres d’un vaste système naturel.


Ailleurs dans le monde, la rivière Wanghanui en Nouvelle-Zélande ainsi que le fleuve Atrato en Colombie se sont ainsi vus attribuer des droits par les cours constitutionnelles de leurs pays en 2017.
De plus, les droits de la Nature ont été reconnus dans les constitutions de l’Équateur et de la Bolivie. Et plus de 20 municipalités aux États-Unis ont adopté des ordonnances locales qui reconnaissent les droits des écosystèmes.
Tout ceci est encourageant. Notre monde fait de plus en plus face au dérèglement climatique, à la perte de biodiversité, à la destruction de la nature, mais j’ai espoir que des actions telles que donner le statut juridique aux grandes rivières et à leurs bassins versant puissent renverser la vapeur et nous amener vers l’harmonie avec notre environnement.
Suzanne
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